L’alcool dans les soins cosmétiques : bon ou mauvais pour la peau ? La version originale de cet article a été relue et validée par le Dr Debra Jaliman, docteur en médecine (États-Unis) Quand on voit la quantité énorme d’informations erronées qui circulent sur internet concernant la présence d’alcool dans les soins cosmétiques, on comprend facilement pourquoi certaines personnes considèrent qu’il n’est, après tout, pas si nocif que cela pour la peau. Les études (et croyez-nous, elles sont nombreuses) sont pourtant claires : l’alcool en tant qu’ingrédient principal d’un produit de soin de la peau, quel qu’il soit, peut avoir des conséquences négatives pour la barrière cutanée et être à l’origine de nombreux autres problèmes. Nous savons que nous ne pouvons pas toutes et tous vous convaincre, mais nous espérons que les dernières recherches et leurs conclusions plutôt négatives sur les produits à base d’alcool vous aideront à reposer le flacon si cet ingrédient figure en bonne place dans la liste des ingrédients. Pourquoi utilise-t-on l’alcool dans les soins de la peau ? Avant d’entrer dans les détails pour vous expliquer pourquoi, nous devons d’abord être clairs sur les types d’alcool à éviter. Le bon et le mauvais alcool dans les formules cosmétiques Quand nous nous inquiétons de la présence d’alcool dans des soins de la peau, des écrans solaires, des produits pour peau à tendance acnéique ou du maquillage, nous faisons référence à un type d’alcool aux effets desséchants que l’on trouve le plus souvent désigné sur les étiquettes sous le nom d'éthanol (alcohol), d’alcool dénaturé (alcohol denat.) ou d’alcool isopropylique (isopropylic alcohol). Ces types d’alcool volatiles sèchent rapidement, dégraissent instantanément la peau et sont particulièrement légers, autant de qualités qui expliquent leur attrait, notamment pour les personnes ayant la peau grasse. Exemple courant : l’ajout d’alcool dénaturé dans un écran solaire pour donner à la formulation une sensation moins grasse. Mieux vaut aussi éviter l’alcool benzylique dans les produits de soin de la peau, où on l’utilise parfois pour stabiliser les fragrances. Si ces types d’alcool offrent des avantages à court terme, les conséquences négatives à long terme l’emportent malgré tout de loin. Si vous voyez ces types d’alcool parmi les six premiers ingrédients d’une étiquette de produit, n’ayez aucun doute : ils abîmeront votre peau et ne lui feront aucun bien. La réalité est sans appel. Ils sont tout simplement mauvais pour tous les types de peaux. Pour lever tout doute, pourquoi faut-il donc éviter l’alcool dans les soins de la peau ? Au niveau des conséquences, on retrouve notamment la sécheresse cutanée, une altération du microbiome et de la barrière cutanée (ceci étant particulièrement nocif dans le cas de cette dernière), et une diminution de la capacité de la peau à se régénérer et à se renouveler. C’est simple, l’alcool a des effets négatifs sur tout ce qui compose la peau. Qu’est-ce que les alcools gras utilisés dans les soins de la peau ? Soyons clairs, les problèmes ont tendance à être provoqués par l’utilisation d’alcool isopropylique ou d’éthanol dans les soins de la peau. Mais il existe d’autres types d’alcools, connus sous le nom d’alcools gras, qui sont eux non irritants et peuvent avoir des effets extrêmement bénéfiques pour la peau. Citons par exemple les alcools cétylique, stéarylique et cétéarylique, que l’on trouve parfois sur les listes d’ingrédients des étiquettes. Tous sont de bons ingrédients pour les peaux sèches, et en petite quantité conviennent à tous les types de peaux grâce à la texture agréable qu’ils aident à obtenir et à la stabilité qu’ils offrent aux ingrédients des produits. Il est important de faire la distinction entre ces « bonnes » formes d’alcool et les autres alcools plus problématiques qu’il vaut mieux éviter dans les produits de soin de la peau. Vous avez peut-être aussi entendu dire que l’alcool est un bon ingrédient car il aide les autres substances comme le rétinol et la vitamine C à pénétrer plus efficacement dans la peau. Même s’il est vrai que l’alcool permet en effet une meilleure absorption des ingrédients, il abîme aussi la surface de la peau et les substances qui aident votre peau à rester saine sur le long terme. Il existe certainement d’autres façons plus douces de faire pénétrer dans la peau les bons ingrédients sans pour autant abîmer sa couche externe, ce qui entraînerait plus de problèmes que de points positifs. L’alcool dans les soins de la peau pour peaux grasses et à tendance acnéique Si vous avez la peau grasse, il peut être tentant d’utiliser des produits à base d’alcool à cause de ce fini mat qu’ils apportent instantanément en éliminant la fine pellicule grasse présente à la surface de la peau. De façon assez ironique, l’utilisation d’alcool isopropylique ou d’éthanol dans les soins de la peau dans le but de maîtriser une peau grasse peut au contraire, à long terme, causer des dommages qui à leur tour entraînent encore plus d’irrégularités et de pores dilatés. Pensez-y : l’alcool peut en réalité accentuer le phénomène de peau grasse en contrebalançant l’effet dégraissant initial. Résultat : votre peau grasse brille encore plus. L’alcool dans les produits de soin de la peau : conclusion La recherche est claire : l’alcool abîme la surface protectrice de la peau, épuise les substances vitales nécessaires au maintien d’une peau saine et accentue les problèmes de peau grasse. Pour dire les choses clairement et simplement, il contribue au vieillissement de votre peau. Quand on sait qu’il existe sur le marché des centaines d’alternatives respectueuses de votre peau, l’attitude à avoir est simple : évitez les produits gorgés des formes d’alcool susceptibles d’abîmer votre peau comme l’alcool ou l’éthanol. Seule exception à la règle : les gels hydroalcooliques. Ces produits doivent contenir au moins 60% d’alcool (éthanol) pour éliminer le plus efficacement les virus et microbes à l’origine de certaines maladies. L’eau et le savon restent bien sûr la solution de choix pour l’hygiène des mains à tout moment de la journée, mais un gel hydroalcoolique fera l’affaire si vous n’avez pas accès à cette méthode. L’exposition à l’alcool n’est certes pas idéale, mais contrairement à l’alcool utilisé dans les soins du visage, les gels hydroalcooliques répondent à un vrai besoin, celui de protéger notre santé. Références de ces informations : Journal of Hospital Infection, août 2019, pages 419-424 Journal of Investigative Dermatology, octobre 2018, pages 2 234-2 243 International Journal of Cosmetic Science, avril 2017, pages 188-196 Toxicology and Applied Pharmacology, novembre 2014, pages 109-117 Drug Design, Development and Therapy, novembre 2015, pages 6 225-6 233 The Journal of Allergy and Clinical Immunology in Practice, mars 2013, pages 195-196 Biochimica et Biophysica Acta, mai 2012, pages 1 410-1 419 Experimental Dermatology, octobre 2009, pages 821-832 Journal of Occupational Medicine and Toxicology, novembre 2008, ePublication International Journal of Toxicology, Volume 27, 2008, pages supplément 1-43
articles liés Silicone in skincare Références : Biochmica et Biophysica Acta (BBA), volume 1818, issue 5, May 2012, pages 1410–1419 Skinmed, January-February 2011, pages 15–21 Journal of Investigative Dermatology Symposium Proceedings, August 2009, pages 20–24 Clinical Dermatology, September-October 2004, pages 360–366 Journal of Investigative Dermatology, volume 120, 2003, pages 275–284 Journal of Hospital Infection, volume 55, issue 4, December 2003, pages 239–245 Dermatology, January 2003, pages 17–23 Alcohol, volume 26, issue 3, pages 179–190 Dermatologic Clinics, volume 16, issue 1, January 1998, pages 25–47 http://pubs.niaaa.nih.gov/publications/arh27-4/277-284.htm.